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Re: أخيراً .. تحقق الحلم (Re: هشام آدم)
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وطن خلف القضبان الأستاذ : خالد عويس ترجمة : Xavier Luffin
Omdourman. Du côté d’Oumbedda. De vieilles maisons exposées à la pluie et la chaleur. La terre crue se dresse dans son habit sale, en réponse aux salutations des passants. Des garçons jouent au gendarme et au voleur. Un véritable chahut. Des applaudissements et des hymnes maladroits racontant des histoires impossibles. Toute une génération née d’une greffe importée. Qu’est-ce qui m’a fait me souvenir d’elle ? Mary.
- Toi être où, tout ce temps ?
- Quoi, toi pas savoir, Mary ?
- Oui, c’était longtemps. Toi tu sais, toute ma famille ils sont morts. La guerre tout prendre avec elle : le mari à moi, les enfants à moi, les frères à moi !
- Toi vivre comment, Mary ?
- Moi travailler dans des maisons, le jour. La nuit, venir travailler avec ébène et teck, mes doigts faire belles choses, mais y a pas d’argent : quelqu’un venir et acheter, mais c’est pas assez d’argent pour le pain.
- Donne-moi de la merissa[1], Mary !
- Ouh ! avant toi venir ici, dessiner, parler avec moi, mais pas boire merissa.
- Et pourquoi pas ?
- La religion à vous, pas laisser boire !
- Mary, ça fait combien de temps que je viens m’asseoir avec toi, que je peins, je griffonne, je parle, je danse et tout ça !
- Bien, bien, Archangelo faire comme ça pour faire bien !
- Mary, la religion a changé, une nouvelle religion est arrivée. La religion d’avant n’existe plus, Mary. En fait, je ne peux même plus demander pardon à Dieu. Notre ancienne religion s’occupait du voisin, aidait le pauvre, installait des nattes au beau milieu de la rue pour rassembler les gens pendant le Ramadan, elle donnait de la viande au voisin chrétien pendant les fêtes, participait au zikr avec les soufis, allait au mawlid[2], arrêtait les disputes, visitait les malades, elle ne négligeait aucun effort pour réconforter son prochain, veillait les morts jusqu’au bout, ne faisait de tort à personne. Même l’oiseau venait se poser sur son épaule et se penchait pour boire de l’eau. Crois-moi, on chantait aussi « ‘Azza fi hawâk ».[3] On apprenait par cœur les versets du coran, copié sur des planchettes, on pouvait se coucher sur un châlit vide, sans draps, se servir de l’eau du zîr[4], appeler son voisin de l’autre côté du mur, on pleurait lorsque quelqu’un mourrait, on ne mentait pas. Tout était clair, pur, lorsqu’on faisait quelque chose, ce n’était pas en cachette... On le faisait puis on demandait pardon à Dieu… Mais maintenant Mary, on a une nouvelle religion. Ils nous ont dit « votre ancienne religion là, ce n’en est pas une. Purifiez-vous et repentez-vous !! »
- Toi fatiguée, Rabia, il faut dormir, dormir, et après parler.
- La nouvelle religion a tué mon père, Mary, elle a tué plein de gens. Elle porte un chapelet, mais c’est un chapelet en or, et dans l’autre main elle tient une serpe. Elle ne va pas chez les gens, elle erre toute la journée dans les rues en parlant, et on ne sait pas quand elle prie. On ne l’a jamais vue prendre le repas avec les gens pendant le Ramadan, ni même participer à des funérailles, visiter un malade ou participer au mawlid !! Notre nouvelle religion, Mary, elle vous hait, elle veut vous tuer parce que vous êtes des impies, notre nouvelle religion a brisé les statues qui se trouvaient à l’université, elle a tué des gens en plein Ramadan. Notre nouvelle religion, Mary, c’est la police !! Ce sont des slogans, une charrette derrière laquelle on vend des barbes
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